Histoire

Il y a trois cents ans, le Monde Emergé a été secoué par une guerre interminable que les hits Terres ont menée l'une contre l'autre pour la suprématie absolue : c'était la guerre de Deux Cents Ans.
A l'époque, la Terre de Jours était habitée par des demis-elfes, dissidents de la fusion entre les elfes -très anciens habitants du Monde Emergé- et les humains. C'était un peuple pacifique, dévoué à la science et à la sagesse, qui pendant très longtemps ne prit part à aucune hostilité, et cela bien que, grâce à son agilité, il fût très doué pour les arts du combat.
Cette situation dura jusqu'à ce que Leven, son roi le plus abitieux, décide de mettre à profit ces capacités pour agrandir son règne....
Les demi-elfes ne s'étaient pas battus depuis des siècles ; cependant le souverain était un stratège extraordinaire : en quelques années, son armée devint la plus puissante du Monde Emergé et l'emporta sur toutes les autres Terres. Mais Leven n'eut pas l'occasion de jouir de son succè : il mourru peu après la victoire finale, laissant son trône à son fils, Nammen.
A peine couronné, celui-ci convoqua les souverrains du Monde Emergé. Les rois  vaincus, qui se présentèrent devant lui, résignés à lui obéir, furent surpris par le discours que leur tint le jeune homme.
- Je ne veux pas du pouvoir que mon père a bâti sur le sang, dit-il. Je rends leur indépendance aux huits Terres conquises.
Nammen leur dicta toutefois ses conditions : chacune des huits Terres devrait renoncer à une parcelle de son territoire qui, unie aux autres, donnerait naissance à la Grande Terre. là siégeraient un Conseil des Rois, qui déciderais d'une politique commune pour le Monde Emergé, et un Conseil des Mages qui s'occuperait des sciences et de la culture. Ces deux Conseils réuniraient des représentants de chaque Terre, lesquelles contriburaient toutes a l'armée du Monde Emergé.
Pour finir, Nammen révoqua tous les rois en charge afin que chaque peuple puisse élire son propre souverrain.
Toutes ses volontés furent réalisées.

Quand il entra au Conseil des Mages, il n'était encore qu'un adolescent. Né sur la Terre de la Nuit et doté d'un extraordinaire pouvoir magique, il avait l'air d'un vieux sage, entièrement voué au bien et a la justice. Il fut élu à l'unanimité. C'est seulement lorsqu'il fu nommé chef du Conseil pour l'année en cours qu'il révéla sa vraie nature et commença a exclure les autres conseillers des décisions les plus importantes.
Couvert de honte il fut chassé, mais le jeune magicien avait tout prévu à la perfection. Il mena lui-même l'attaque de la salle du Conseil, avec des hommes et des armes fournies par les rois que Nammen avait destitués et qui brûlaient de reprendre leurs terres.
Petit à petit, il évinça également les rois qui l'avaient soutenus jusqu'à étendre son pouvoir sur quatres nouvelles Terres : la Terre des Jours, la Terre du Feu, la Terre des Roches et celle de la nuit. A partir de ce moment, la guerre des Terres libres contre le Tyran devint permanente. Seuls quelques mages échappèrent au massacre :ils se réfugièrent sur la Terre du Soleil, mais celui qui allait être le Tyran s'en moquait : en quelques heures, il était devenu le maître de la moitié du Monde Emergé. 

Parmis toutes les atrocités commises par le Tyran, la plus terrible fut l'extermination du peuple des demi-elfes. Il suffit d'un mois pour que la Terre des Jours soit réduites à un désert. 
A la fin de cette même année, il ne retenait plus qu'une centaine de demi-elfes. Ils avaient formé une colonie sur le Terre de la Mer, mis quand l'armée des Terres libres perdit le contrôle de ce territoire, les fammins y appliquèrent la solution finale.

"Il y avait du sang partout. Dans l'air régnaient son odeur métallique et un silence lourd, absolu.
Pas un souffle de vent, pas une voi ni un chant d'oiseau dans le bruissement des feuilles d'arbres. Seulement l'imobilité de la mort.
Soana avait porté sa main à sa bouche :
- Il est arrivé jusqu'ici....
Les petits poings de Reis se serrèrent sur les plis de son long vêtement. Dans ses yeux brillait la haine :
- Ca ne finira jamais !
Les deux magiciennes avaient commencé à faire le tour des cadavres étendues sur le sol et des maisons de ce village exterminé a coups d'épée. Elles marchaient, hébétées comme dans un rêve, se forçant à regarder ce que leurs yeux voulaient fuir : partout, ce n'était que des visages tordus par la douleurs, des yeux grands ouverts sur l'inconnu, des corps abandonnés sur le sol.
Et puis, un son, si ténu qu'on l'aurait cru le fruit de l'imagination.
Soana s'était retournée brusquement, tous les sens aux aguets. Pendant quelques secondes elle n'avait entendu qu'un silence assourdissant. Et puis de nouveaux cette faible plainte. Elle s'était mise a chercher parmi un tas de cadavres.
- Qu'y a-t-il ? avait demandé Reis.
- Une voix ! Il doit se trouver quelqu'un que n'est pas mort :
Soana avait continué à soulever les corps : le son se fit plus clair. Ce n'était pas un gémissement de douleur, ni les pleurs étouffés et désespérés d'un survivant ; c'était un cri fort et plein de vie : le vagissement d'un bébé.
Sous le cadavre d'une femme Soana avait aperçu un bout de tissu qui se soulevait faiblement. Elle avait écarté le corps sans vie avec délicatesse. C'était une très jeune femme, presque une enfant, touchée à l'épaule par un coup de hache.
Elle avai dans les bras un nouveau-né qui poussait des cris véhélents, comme le font les bébés lorsqu'ils ont faim ou qu'ils veulent être changés. Soana l'avait soulevé et avait retiré le linge taché de sang qui l'enveloppait : c'était une petite fille. Elle était indemne. Reis s'était approchée :
- Elle est blessée ?
Elle était toujours ainsi, direct et d'une froideur qui la faisait paraître insensible. C'est juste que lorsqu'elle parlait du Tyran ses yeux s'éclairaient d'une lumière sombre et terrible.
Soana regardait l'enfant, incrédule : comment la vie pouvait-elle surgir ainsi, pure et imperturbable, du sein de la mort ?
- On dirait qu'elle va bien....
Reis avait attrapé le bras de Soana pour l'obliger à s'incliner à sa hauteur et avait observé attentivement la petite fille. L'expression de la gnome avait changé d'un coup.
- T vois quelque chose ? avait demandé Soana, boulversée.
- Une enfant seine et sauve au mileu des cadavres est un signe."